Le 17 Août 2021, l’Office Burundais des Recettes OBR a organisé un atelier à l’endroit des différents acteurs et intervenants en matière de protection des droits de l’enfant au Burundi ainsi que les institutions publiques concernées, pour les sensibiliser à la lutte contre un nouveau phénomène d’utiliser les enfants dans le commerce illicite, la fraude et la contrebande.
« Personne n’ignore que partout dans les rues de Bujumbura et à l’intérieur du pays, des enfants circulent avec des marchandises dans les mains. Le plus étonnant, les services d’interventions du département en charge des enquêtes, renseignement et gestion du risque de l’OBR attrapent depuis quelques temps, des enfants qui essaient de passer les frontières avec des marchandises frauduleuses. Un phénomène nouveau où les contribuables qui trempent dans des actes de fraude douanière, fraude fiscale et la contrebande utilisent les enfants dans ces sales activités. Ça ne devrait pas rester inaperçu ». S’est indigné le Directeur de la Communication et Porte-Parole de l’OBR M. Stany Ngendakumana, après avoir prononcé au nom du Commissaire Général de l’OBR, le discours d’ouverture de l’atelier.
« Personne ne doit rester bras croisés » : Ce sont alarmés les participants après la démonstration de l’existence de ce phénomène qui a interpellé la conscience de tous et de chacun.
Un phénomène que certains intervenants ont qualifié d’abus et exploitation des enfants mineurs, surtout dans ces moments de vacances, « Nous étions habitués à voir d’autres phénomènes autre que les enfants mineurs impliqués dans les affaires obscures comme la fraude » a dit l’officier du commissariat général judiciaire OPC1 Godefroid Barampanze, avant de démontrer la problématique conséquente à l’implication d’un enfant dans la fraude, une énorme perte selon lui, pour l’enfant lui-même, pour sa famille, pour la société et le pays en entier : « D’abord, les enfants impliqués dans ce genre d’activités perdent la conscience et l’orientation éducative normale. Un enfant qui a déjà été trempé dans des actes de fraudes ne retourne pas à l’école. A force de frauder et trafiquer les marchandises, qui sont pour la plupart de fois les produits prohibés comme les drogues, l’enfant en devient consommateur. Quelques mois après il devient délinquant et peut commettre de plus en plus des crimes ignobles. »
Les défenseurs des droits des enfants s’inquiètent en outre du sort réservé aux enfants attrapés, laissant le doute sur les sanctions « exemplaires » qui devraient être infligées à ceux qui les impliquent dans les actes illicites.
« En réalité, la loi en vigueur sur les droits de l’homme interdit l’emprisonnement des mineurs. Des fois, il y a le problème d’identifier les commanditaires et/ou les propriétaires des marchandises. Les enfants refusent de révéler leurs identités alors que ce sont eux (les commanditaires) qui, selon moi, devrait payer les amendes à la place des enfants. Ce sont eux qui devaient croupir en prison car ils sont coupables d’une double infraction, celle de la fraude et celle d’abuser des enfants en les impliquant dans le commerce illicite » a déclaré Bernard Ndikumwenayo de la SOGEPAE Burundi.
Alors que d’autres s’acharnent sur les problèmes sociaux comme éléments déclencheurs de la délinquance juvénile, Madame Banyeko Denise de l’APECOS revient sur la responsabilité première des parents qui doivent s’occuper pleinement de l’éducation de leurs enfants car, explique-t-elle : « un enfant qui est à l’école, un enfant bien nourrit, un enfant du commandant, un fils du ministre ou du directeur général, du commissaire, etc., ne pourra jamais tomber dans le piège de commerce illicite » ; alerte-t-elle.
Vous retiendrez que ces débats richement nourris de ces intervenants en matière de protection des enfants, ont abouti à un engament de tous et chacun, à tout faire pour sensibiliser les familles, les collaborateurs ainsi que les contribuables eux-mêmes à éradiquer cette mauvaise pratique d’utiliser les enfants mineurs dans des activités de commerce illicite, fraude douanière, fraude fiscale et la contrebande.
« Dorénavant, tous les enfants qui seront attrapés avec des marchandises informelles, des marchandises contrefaits et/ou de fraude seront remis dans les mains des défenseurs des droits humains pour qu’ils aident à rechercher les auteurs-commandants de ces enfants, afin qu’ils soient traduits devant la justice pour être jugés », se sont-ils convenus.